Skyfall de Sam Mendes (2012) par Etienne Kraft

Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…

« 007 will return … »

C’est ce que nous promettait Quantum of Solace. Qui en aurait douté ? Le battage médiatique autour des derniers films de la saga est tel que personne, normalement constitué, ne peut passer à côté de l’information : James Bond revient.

Effacé après le départ de Pierce Brosnan, la saga a fait un reboot fracassant avec Casino Royale. Tout le monde s’est alors accordé à dire que James Bond était reparti aux sources et avait franchi un cap. S’en est suivi Quantum, plus dur, plus Jason Bourne que James Bond. La série entrait dans le XXIè siècle pour de bon(d).

Mais quelle était la valeur de tout ce remue-ménage ? Plus un marché de com’ qu’un vrai esprit redoré ? Probablement pas. Toutefois on pouvait rester sur notre faim. Quantum a finalement fait pâle copie et nous avait amené à surestimer l’épisode 21 qu’est Casino Royale.

Alors qu’en est-il vraiment de tout cela après Skyfall ? Le ciel s’abat-il sur la franchise ?

La promesse est belle : rendre meilleur un 3ème épisode du même acteur, tout en célébrant le cinquantenaire de la série. Autant vous le dire de suite, le pari a été remporté avec succès. Pas de suspens ni de surprise possible si vous êtes un minimum ouvert à l’actu. Le dithyrambisme est de mise.

Sam Mendès (American Beauty) aux manettes, notre héros s’en va gaiement (eh oui !) affronter un adversaire des plus charismatiques. L’histoire, pas le plus grand attrait du film même si la trame est bien ficelée, a pour avantage de ne pas nous laisser tomber en route. J’entends par là que la complexité du scenario a déjà été plus élevée dans la saga.

Ici, pas d’intrigue à tiroir. Un agent, malencontreusement touché, revient dans la lumière alors que la sécurité nationale et les services secrets sont menacés (Meurs un autre jour ?). La divulgation d’une liste d’états civils d’agents de terrain en est l’origine. Derrière tout cela, bien évidemment se cache un mystérieux personnage dont le principal leitmotiv est la vengeance ! L’histoire débute à Istanbul, pour se poursuivre à Shanghai, Macao, Londres et l’Ecosse.

Les décors, comme toujours dans un James Bond, sont étudiés avec minutie. La capitale turque permet au réalisateur de créer une course poursuite, bien fichue, sur les toits stambouliote avec en arrière-plan l’église Sainte Sophie ; Londres offre une foule de figurants où se perdent les antagonistes dans un jeu de cache-cache underground ; l’Ecosse et ses Highlands amènent un final de feu et de sang au milieu d’un no man’s land où se situe l’ancien manoir de famille de Bond.

La palme revient selon moi au casino de Macao, recréé de toutes pièces en studio (région déjà présente dans l’Homme au pistolet d’or, film ayant plusieurs références dans cet opus). La photographie et la lumière y sont exploitées avec brio. La traversée des eaux séparant le casino et la côte, feux d’artifices dans les airs, reflets de dragons dans la profondeur noire de l’eau, nous plongent dans l’attente lancinante de Bond, ressuscitant et rebroussant le chemin de la mort avec son embarcation flottante sur le ‘Styx’.

Vous l’aurez compris, cet épisode est centré autour du thème de la mort. Récurrent tout au long du film, le passé morbide de James pointe sans cesse du générique d’ouverture au fameux gunbarrel apparaissant désormais à la fin (mode lancée par le précédent épisode : marque de la restructuration des James Bond modernes). J’ai même envie de dire que Skyfall est centré sur le personnage de Bond : évidemment vu qu’il est le personnage principal ? Oui et non.

Hormis Casino Royale, on ne se souvient pas d’un film aussi poussé sur la psychologie de l’espion et, dans ce cas présent, de son double maléfique. Sam Mendès nous donne à voir un film blockbuster autant qu’un film d’auteur. Et c’est là toute la réussite du réalisateur ! De même, Mendès joue avec  les éléments traditionnels de la saga (réapparition de Q, joutes verbales, action testostéronée, …) tout en assumant la réalité et le modernisme du monde de l’espionnage qui nous est proposé.

Le temps a son importance dans Skyfall et les contrastes entre l’enfance et la vie actuelle de Bond, l’espionnage british du XXè et les méthodes du XXIème, et bien d’autres points, sont mis en exergue.

Côté technique et artistique, Mendès utilise parfaitement dans sa réalisation les nouveaux codes cinématographiques. Les themes, les effets et autres styles sont bel et bien Nolan-esque. Tout d’abord la trahison, le mensonge et la manipulation sont au coeur de Skyfall. Fer de lance des films de Nolan, la rivalité trouve également ici multiples facettes tant les antagonismes sont nombreux (James Bond contre Silva, James Bond contre M., Mallory contre M., Séverine contre Silva, …). Le méchant charismatique, au coeur des derniers batman, est interprété ici par un EXCELLENT Bardem ( No Country For Old Men): sombre, mystérieux, perturbé, perturbant, effrayant. Pour sûr, l’un des meilleurs opposants à l’espion britanique.

Qui plus est, certains décors sont clairement un hommage au réalisateur britannique, à l’instar du QG de Silva qui est un quasi copié-collé de la ville créée par Di Caprio dans Inception.

Enfin le montage, cher à Nolan accompagné de son inséparable Lee Smith, est dans ce 23ème Bond revenu à des plans plus classiques et moins coupés que dans les précédents opus. Le montage est plus lisse et c’est tant mieux ! L’utilisation du ‘cut’ n’est présente que dans les phases plus intenses: Un affichage rapide des événements concomitants rappelle la scène de la voiture tombant du pont dans Inception mise en parallèle avec l’explosion de la bombe et l’ascenseur achevant sa lévitation.

 Mendès remporte ainsi le pari d’allier le côté old school des James Bond (même les rires sont de retour ! Écoutez la réaction du public lorsque l’Aston Martin DB5 apparaît à l’écran) avec une réalisation fraîche et moderne, ainsi qu’une efficacité rare dans l’hommage cinquantenaire, sobre mais fortement présent tout au long du métrage. On en redemande.

James Bond will return … for sure !

Excellent, encore!!Skyfall (U.S.A/GB) de Sam Mendes (2012). Avec Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Naomie Harris , Bérénice Marlohe . Durée:2h23.

15 commentaires

  1. Bon ben j’ai pas du voir le même film car putain quelle merde à mes yeux, bien loin de Casino Royale !

    Des le début j’ai senti que ça puait avec une course poursuite molle et qui renvoyait au kitscherie bondienne de Brosnan et Moore en supprimant la touche réaliste mise dans Casino Royale : moto sur les toits, tracto pelle sur un train….. C’était vraiment mauvais.

    Impression désagréable confirmée par un générique anecdotique où la bobo hype Adèle balance sa soupe et encaisse le chèque.

    En fait ce James Bond a tellement le cul entre plusieurs chaises qu’il ne sait pas quoi faire.
    Hommage au vieux Bond pour fêter les 50 ans de la série avec le retour des combats improbables (l’arène avec les dragons de komodo risibles) et la nouvelle version inspirée de Bourne ? Ca hésite sans vraiment trancher et on arrive à un final ridicule entre l’Agence tous Risques et Maman j’ai raté l’avion sans véritable affrontement final.

    Passage de générations ? Bond et M trop vieux ? On ne sait pas le film hésite à dire que oui les temps ont définitivement changé et qu’il ya avoir un changement de génération et donc de casting.

    Hésitation quand à la direction du scénar : on va du côté des Batman de Nolan et de l’amérique post 11/09 avec sa guerre des ombres ?
    Ben non en fait tout ça c’est une banale histoire de vengeance au background moisi !
    On espérait de la tension avec les attentats et la révélation d’une liste d’espions infiltrés qui auraient pu introduire une tension tout le long du film mais ces éléments sont vite oubliés.

    Le méchant ? Ridicule, caricatural dont la motivation prête à sourire

    Les scènes d’action ? On attend celle qui fera décoler le film et qui ne viendra jamais. Par ailleurs le père Craig a fait tellement de gonflettes qu’il est raide comme un piquet et u’on a l’impression qu’à chaque mouvement il va faire péter le costume.

    Bref on sent que le développement du film a été chaotique (MGM a fait faillite pendant la production), que le film veut plaire à toutes les génération qui ont grandi devant Bond et on aboutit à ce résultat d’une médiocrité affligeante.

    Un changement de Bond semble s’imposer et une véritable direction précise doit lui être donné.

    2/7

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    • Mon Dieu!! Tu confirmes bien ton titre de Monsieur Grognon du cinéma….Looper t’es presque pas satisfait et Skyfall n’en parlons même pas!! Mdr!! Cette équipe de chroniqueurs c’est vraiment n’importe quoi!! Mdr!!

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      • Hé je le fais pas volontairement!
        J’ai adoré Casino Royale mais là on est à mille lieux de ça et je peux te dire qu’on était 3 au ciné et que l’on pense grosso modo la même chose

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    • « Un changement de Bond semble s’imposer et une véritable direction précise doit lui être donné. »

      Wow, à ce point ? Je pense que t’es passé à côté du film malheureusement. Une rancoeur contre Bond en particulier ?

      Je ne vois pas: scénar ok, c’est bof. Mais le reste ! Un hommage à une saga sans tomber dans le ridicule. Je suis peut être trop fan pour être objectif … non !!!

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      • Je suis un grand fan de Bond vu que j’ai été biberonné devant avec un attachement particulier au Sean Connery et au Thimothy Dalton (qui étaient bien sombres) mais celui là essaie de faire un grand écart entre le sérieux des Dalton, l’humour des Moore, la classe des Connery et le rien de Brosnan sans y parvenir vraiment tellement on sent qu’il essaie de faire plaisir aux fans de n’importe quelle époque.
        Il n’y a pas d’équilibre, de ligne directrice

        J’ai trouvé le scénar fade alors qu’il partait pas mal avec un côté sombre tendu avec la liste des espions dévoilées chaque emaine et les attentas. Ca mettait un climat de terreur car pour une fois l’angleterre était frappée sur ces terres et tout ça est abandonné au profit d’une bête vengeance.

        Le finala fini de m’achever et fait pour moi sombrer le film dans le ridicule avec sa maison piègée et le manque d’un véritable mano à mano final

        Casino royal avait ouvert une nouvelle voie qu’aucun des suivants n’aura confirmé

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      • En fait, James Bond n’est pas une série de films noirs, sombres et durs. Reprendre l’huMOORE des 007 films de Roger, les Connery de Pierce, ou encore la dureté (…) de Sean ou Timothy était important dans ce numéro. Mal manié ? L’équilibre se fait à mon avis: La trame est suffisament simple pour être posée en fil conducteur autour duquel viennent s’imbriqués ces clins d’oeil. Un scenar au complot internationnal trop complexe n’aurait sans doute pas permis cette cohérence.

        « Le méchant ? Ridicule, caricatural dont la motivation prête à sourire ». Un méchant charismatique sans précédent. Un temps cruel, un temps psychopath, un temps ridicule. Un méchant ancré dans l’air du temps. Prendre un fou furieux loufoque et assassin était la carte à jouer pour Skyfall et avoir ce ton enlevé que l’on attend face à ce trop plein de sériosité snobante chez les méchants que plus personne ne supporte dans les Jason Bourne like ou adversaires « de la mort qui tue » à la façon des Expendables. De ce côté, le film est malin, jouissif et enlevé.

        La scène final ne fait pas décoller le film ? Cette séquence, d’un esthétisme léché, est l’aboutissement d’une longue course poursuite. La scène permet d’éclater les abscés posés plus tôt. A sa manière, comme Casino Royale, Skyfall, à travers le final et les 10 min qui suivent, participe à un renouveau de la saga. Alors oui, dans ce sens, un changement chez Bond aura lieu. Le changement, c’est maintenant.

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      • Le problème de Skyfal est pour moi la volonté d’en avoir fait un pot pourri de toutes les époque bondiennes pour fêter les 50 ans de la franchise. Au final je me suis retrouvé devant une succession de cène où je me disais « tiens ça c’est du Sean Connery, tiens ça c’est du Moore… » faisant qu’il manquait ce liant, cette identité propre.
        Casino Royal en effet lorgnait sur Bourne mais il avait su garder et adapter les éléments propres à la franchise (un certain humour, ennemis improbables, classe et drague) pour créer sa propre identité et Skyfall aurait du pour moi continuer dans cette voie.

        Quand au méchant, que dire ? Je parlerai juste de la scène où ol pose ses mains sur les cuisses de Bond et le caresse. Quelle est son utilité ? créer une ambiguité sexuelle ? Montrer qu’il se joue de Bond ?
        On aurait pu en faire quelque chose si l’élément donnait lieu à autre chose qu’à permettre une réplique pseudo drôle de Bond pour montrer que non Bond n’est pas qu’un mâle alpha mais qu’il est gay friendly. Wouah ça c’est montrer que la licence s’est rajeunie et qu’elle est open sur les uestions de société (limite j’aurais préféré une réponse vieux jeu, là ça aurait été réellement drôle)

        Pour le final ce que je n’aime pas c’est que Bond ne se focalise pas sur sa némésis, il perde son temps dans des conneries et on n’a pas d’affontement final tant attendu entre les 2 fils prodiges de M.
        Lornger du côté d’Opération Tonnerre (si mes souvenirs sont bons) aurait pas été un mal avec des alliés pour Bond (ben ils branlent quoi le MI6 après leur jeu de piste moisi et qui casse totalement le rythme de l’histoire) qui s’occupent des sous fiffres tandis que lui poursuit son ennemi

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  2. Bon je suis meilleur public que Tootsif: moi j’ai aimé (ça pour le coup c’est un film pop-corn!), j’ai pas trop réfléchi (comme d’hab) et du coup les jolies filles, les répliques « so british » qui font mouche, la classe de 007, les voitures « légendaires », les voyages autour du globe.
    Bref un 007 correct, mais pas le meilleur de daniel craig (j’ai largement préféré quantum of solace ou casino royal)
    Mais bon encore une fois: 6 péloches??? (très sincèrement j’ai passé un bon moment mais je l’aurai oublié la semaine prochaine).
    Pour moi film sympa ça vaut 3 péloches (scénar ridicule, et le méchant est tout simplement risible), et je me pose la question: s’il continu la gonflette on va le voir dans le prochain conan?

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