Oblivion de Joseph Kosinski (2013) par Tootsif

 

2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute la population a été évacuée, est en charge de la sécurité et de la réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une force extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait partie d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à sa fin. Dans à peine deux semaines, il rejoindra le reste des survivants dans une colonie spatiale à des milliers de kilomètres de cette planète dévastée qu’il considère néanmoins comme son chez-lui.

 

Vivant et patrouillant à très haute altitude de ce qu’il reste de la Terre, la vie « céleste » de Jack est bouleversée quand il assiste au crash d’un vaisseau spatial et décide de porter secours à la belle inconnue qu’il renferme. Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui défient toute logique, Julia déclenche par sa présence une suite d’événements qui pousse Jack à remettre en question tout ce qu’il croyait savoir.

 

Ce qu’il pensait être la réalité vole en éclats quand il est confronté à certains éléments de son passé qui avaient été effacés de sa mémoire. Se découvrant une nouvelle mission, Jack est poussé à une forme d’héroïsme dont il ne se serait jamais cru capable. Le sort de l’humanité est entre les mains d’un homme qui croyait que le seul monde qu’il a connu allait bientôt être perdu à tout jamais.

affiche oblivion

 

VITE OUBLIE

 

2013 est décidément une année où la S-F se fera ine belle place dans les salles obscures et pas pour des petits projets de réalisateurs inconnus mais par des réalisateurs confirmés ou en attente de confirmation.

 

Ainsi de Cloud Atlas, le voyage karmique des frères et sœurs Wachowski aux gros robots de Pacific Rim de Guillermo Del Toro en passant par Elysium, le combat social de Neil Blomkamp ou le retour du classieux Riddick de David Twohy ainsi que la dernière chance de M. Night Shyamalan de sauver sa crédibilité avec After Earth, sans oublier la S-F pour midinette avec l’adaptation de la dernière connerie de Stephenie Meyer, il y en a vraiment pour tous les goûts.

 

Et, dans cette course au projet S-F qui intrigue et semble bien sympa, un petit dernier s’était invité à la fête avec ce Oblivion, réalisé par Joseph Kosinski, qui avait su s’attirer une certaine sympathie avec son précédent film, le visuellement bluffant Tron Legacy.

 image oblivion - 1

Alors oui, ce dernier était aussi visuellement hypnotisant que scénaristiquement creux mais s’agissant d’un film de commande ultra contrôlé par le studio Disney, on pouvait imaginer que la marge de manœuvre de Kosinski était ultra limitée pour apporter sa touche au projet.

 

Alors quand ce dernier revient avec Oblivion je suis plutôt optimiste car conscient du talent de faiseur de belles images de Kosinski auquel il faut ajouter que le projet lui tient particulièrement à cœur puisqu’il est le créateur du Comics dont est tiré le film.

 

Le film semblant ainsi lui appartenir de A à Z avec un scénar qu’il est censé maîtrisé , son comics pouvant être vu comme son story-board, on pouvait s’attendre à quelque chose de plus abouti à tous les plans que Tron Legacy et à donc assister à la naissance d’un grand réalisateur.

 image oblivion - 2 - tom cruise - olga kurylenko

 

Manque de bol Oblivion souffre des mêmes tares que son prédécesseur, comme si Kosinski n’avait rien appris des critiques émises à l’encontre de sa précédente réalisation, comme si pour lui le fait de produire de belles images suffisait à vous faire pénétrer dans son film, à vous aspirer dans son monde.

 

Alors oui, souvent avec moi de belles images c’est 50 % du travail fait pour me faire adhérer au film et l’histoire n’a pas forcément besoin d’être dans ce cas un sommet de réflexion pour m’embarquer.

 

Mais n’est pas un Terrence Malick, Andrew Dominik ou John Hicoat qui veut et les belles images (on ne peut pas dire le contraire) de Joseph Kosinski m’ont laissé de marbre.

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Servi en outre par un caractère design au poil, Joseph Kosinski se fait plaisir en nous livrant des images magnifiques où il montre toute sa virtuosité derrière la caméra. Le souci c’est que toutes ses images aussi belles qu’elles soient sont d’un vide sans nom et donne par moment plus l’impression d’assister à un clip ou une pub (la scène de la piscine) et surtout ne crédibilisent pas l’univers qu’elles sont censée servir (ok la terre a été toute tourneboulée suite à la destruction de la lune mais euh la géographie décrite frôle le n’importe quoi avec ce canyon de buildings certes impressionnant mais incompréhensible et d’autres joyeusetés).

 

Et surtout ces belles images ne sauvent pas le rythme souffreteux d’un film dont le scénario est bien loin des ambitions qu’il affiche.

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En effet, le scénario se croit ambitieux mais semble plus à un melting-pot de diverses influences tant cinématographiques que vidéo-ludiques où chaque scène dégage une désagréable impression de déjà-vu. Hommage ? Copiage ? Dans tous les cas le film manque cruellement d’identité personnelle. Ainsi chaque plan, chaque avancée scénaristique, chaque élément visuel (et même sonore tant la musique de M83 rappellera la bande son d’un Mass Effect) vous renverra à un précédent film ou jeux vidéo. Entre 2001, Moon, Wall-E, Independance Day, Prédator, Mass Effect, Portal toutes ces grandes figures de la S-F vous sautent à la gueule faisant paraître le film comme une immense coquille vide.

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Coquille vide que le film est bel et bien avec ses longueurs intempestives (de l’utilité des passages dans « l’éden » trouvé par Jack) et surtout par la répétition ad nauseam d’éléments censés « expliquer » les clefs de du film au spectateur.

 

Pourquoi nous infliger ces longs flash-back dans le final alors que les éléments distillés jusqu’ici permettent de comprendre parfaitement le film et font ainsi passer le message avec beaucoup plus de subtilité ?

 

On a ainsi la désagréable impression d’être pris pour un bébé qu’il faut tenir par la main tout le long du métrage de peur qu’il se perde.

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Oblivion donne plus l’impression d’un film réalisé par un fanboy qui a régurgité (inconsciemment ou pas) toutes ses influences plutôt que le projet de toute une vie où chaque élément a été pensé, réfléchi.

 

Ce qui avait été pour ambition de mélangé réflexion et action laisse ainsi le goût amer d’un patchwork d’influence brinquebalant dont le final semble avoir été réécrit pour faire plaisir au nabot narcissique.

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« Oblivion » de Joseph Kosinski (2013). Avec : Tom Cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough. Distribué par : Universal Pictures. Durée : 02 H 06.

 

14 commentaires

    • Oui mais là les références frolent le copiage. Entre les sondes qui ressemblent à Glados du jeu Portal, le design des armes et la musique copiés de Mass Effect et tant d’autres passages qui sont plus que simplement inspirés par d’autres films, il n’y a ici aucune identité propre.
      Comme disait mon frangin en sortant de la salle c’est pas beau de copier sur ses voisins, surtout quand c’est mal fait

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  1. Les références sont biens présentes mais je suis d’accord avec Sélénie pour dire que c’est le cas dans tous les films de SF et presque, en réalité, normal car comment éviter certaines redites? C’est comme dans le genre Heroïc Fantasy si on y réléchit bien…

    Ceci dit Oblivion ne m’a pas emballé la faute à un choix de design discutable et un peu cheap, puis une intrigue très banale finalement et, comme tu le dis si bien, une fâcheuse impression d’être pris par la main pour nous expliquer les choses mais ça c’est typiquement américain: il ne faut pas perdre le spectateur en route, ce qui sous entend « ne pas le faire réfléchir »!! Film pas terrible donc….

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    • Voir ce que je réponds à Sélénie sur « l’inspiration ». ici ça va pour moi plus loin que simplement avoir des bases communes à tous les films de S-F, on est plus dans le plagiat pour moi.
      Et comme en outre le scénar est moisi en se prenant pour de la S-F intello alors qu’il prend le spectateur pour un con et bien c’est pas terrible au final

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      • Ouai mais le plagiat c’est quand tu prends un film par rapport à un autre film, dans ce cas c’est trop simple de dire « ouah il a pompé sur un livre sortit en 1953, et puis sur une musique d’un jeu de 1992 et puis les décors c’est une peinture d’un suédois qui a été peinte il y a deux ans ». Et puis en ce qui concerne le design de certains objets il arrive un moment où on retombera forcément sur du déjà vu à moins de faire un fusil laser en forme de balai de chiottes…

        Si malheureusement tu as autant de références en tête c’est dommage pour toi mais pour la plupart des gens ce n’est pas le cas…Et si ça se trouve le mec ne l’a même pas fait exprès car si ça se trouve il ne connaît même pas Portal ou Mass Effect…comme moi par exemple.

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      • Je dis ça pour montrer le manque d’identité propre d’un métrage qui se veut comme une oeuvre personnelle.
        Et que tu nourrisses ton film de tout ce que tu as vu et aimé je comprends mais comme certains plans font vraiment copier/coller c’est de l’abus.

        Enfin bon même sans ça le film est juste pas terrible avec un scénar faussement complexe et un rythme chiant ^^

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      • D’accord avec ta dernière remarque…après pour les plans c’est difficile pour moi de juger car je ne connais pas toutes les références auxquelles tu fais allusion..

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  2. Heu, désolé. Je recommence:
    A tootsif: arrête de te branler sur des mass effect et autres Portal. Non seulement c’est nul mais en plus, personne connait! (sauf moi car j’aime pas)
    Bon après, j’ai aimé ce film alors je te t’emmerde!

    D’ailleurs, le seul truc qui m’a déplu vraiment (et encore je charrie), ce sont les scènes d’action. Elles étaient quasiment inutiles. Et c’est moi qui dis çà…

    En conclusion ,Tootsif, c’est vraiment qu’une fiotte!

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    • Bon je vais faire une réponse collective pour les 2 gugusses là.
      D’abord le matin ça serait sympa de prendre une douche car vous avez de la merde plein les yeux en allant au ciné et ça c’est con car ça vous fait prendre de la piquette pour un grand cru.

      Alors je vais pas revenir sur tous les copir/coller dont le film est truffé mais juste dire que même sans ça le film est de la merde.
      On ne reviendra pas sur les incohérences géographiques, sur le scénar éventé en 2 secondes, sur l’eden dont on se demande ce qu’il fout là et comment il a été miraculeusement conservé, sur l’intelligence des humains qui se font passer pour( SPOIL!!!!!!!!) des extraterrestres, pour juste se concentrer sur le final merdique.
      Bon outre la happy end qui se voit des kms à la ronde on peut m’expliquer le background du film : on a une entité robotique qui attaque les planètes….
      Ok qui l’a créé, pourquoi ce besoin de piller les richesses alors que c’est une machine ? Rien, nada….

      Alors je reviendrai pas sur HAL (2001), sur les moisonneurs ou geths (Mass Effect), sur les replicants (de blade runner) où les désirs de ces machines sont justifiés et permettent de transcender le scénario.

      Ici on nous fout un robot pour faire S-F intello alors qu’en fait on nous aurait foutu une bande d’extra terrestres tout moche ben ça aurait été pareil.

      Voilà les 2 gugusses et Flow si en plus tu préfères ça à Prometheus, qui tout bancal qu’il est à quand même des ambitions toutes autres que ce médiocre film d’action SF déguisé en film de réflexion, je crois qu’on peut plus rien faire pour toi ^^

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      • Oh oh ! Je n’ai pas parlé de grand cru ! J’ai dit un film SF classique sympa et oubliable.

        Et ne t’en fais pas, je préfère Prometheus mais au moins Oblivion n’essaie pas de se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Un film intelligent.

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