King Kong de John Guillermin (1976) par Tootsif

Un employé d’une compagnie pétrolière, un zoologue et une jeune naufragée débarquent sur une île polynésienne. La jeune femme est enlevée par les indigènes et est livrée à un singe gigantesque : King Kong…

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KONG-STERNANT

Comment lune créature, en fait une marionnette, peut créer autant d’émotion et ce malgré une technique qui aujourd’hui peut sembler dater. Car voilà le tour de force de King Kong, film de 1933, qui confine au génie et à la grâce dans ce mélange subtil entre aventure et émotion.

Malheureusement ce n’est pas de ce chef d’œuvre dont je vais vous parler mais du vilain petit canard des remakes de King Kong c’est à dire celui de 1976 (quoique sur celui de Peter Jackson j’aurais bien des choses à dire aussi).

Plus qu’un remake le King Kong de 1976, lancé par le nabab Dino de Laurentiis, se veut une relecture moderne du mythe de 1933 : ainsi finie la folle équipée d’un réalisateur qui se prend pour un génie (comme si le producteur De Laurentiis voulait remettre cette fonction à sa place et ainsi rappeler que le maître à bord, le capitaine, lors d’un tournage est le producteur), place à une compagnie pétrolière à la recherche du gisement qui la rendra encore plus riche.

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Qu’est ce que ça change me direz vous ? Et bien en fait plein de choses car avec ça passe à la trappe le côté aventure – pulp qui faisait tout le sel du film de 1936, ce côté on part à l’aventure sans savoir sur quoi on va tomber, quel mystère nous attend ?

Envolé donc cet aspect pulp, le débarquement sur l’île, à aucun moment nommée Skull Island, ressemble plutôt à une croisière touristique qu’à la découverte d’une terra incognita. Faut dire qu’entre temps notre équipage de foutus capitalistes, sauf le gentil Jack Prescott qu’est là pour voir la faune et la flore locale, est tombée sur un canot de sauvetage contenant la charmante et très godiche Dwane.

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Voilà ce que rapporte en effet ce nouveau King Kong un côté érotico kitsch dont la délicieuse potiche Jessica Lange se fera la meilleure des ambassadrices. Car à partir de son débarquement ça confine à l’obsession : entre le titre Gorge Profonde placé au détour d’une conversation, le taillage des jeans de marin en mini-short et des marinières bien au dessus du nombril, tout est bon pour nous faire admirer le galbe de ses cuisses, sa chute de rein, le début d’un sein.

Et le film va même un peu plus loin avec son enlèvement par Kong puisque ce dernier semble lui aussi sous le charme (ce qui lui donne une gueule de con avec un air ébahi plus proche du pervers lubrique que du singe énamouré) du joli minois et de la charmante plastique (à défaut d’être une bonne actrice c’est déjà pas mal. Elle aurait pu être moche en plus) de Jessica lange.

King Kong1976réal. : John GuillerminJessica LangeCollection Christophel

On a ainsi droit si on est très attentif (ou un pervers au choix) à de brefs plans sur les fesses et la poitrine de Jessica qui nous gratifie en outre de charmants cris de jouissance pendant le séchage exprès de Mister Kong (là je dis chapeau car je suis pas sûr que l’haleine d’un primate de 30 mètres de haut soit du genre à faire tomber les demoiselles en pâmoison, à les faire tomber là je suis d’accord).

Bon et là vous vous dites que j’abuse grave, que depuis le début à part parler de la plastique de Jessica Lange je parle pas de grand chose. En même temps il faut dire que c’est peut être le seul élément qui sauve le film du naufrage.

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Le film manque totalement de rythme et fout en l’air tout le côté aventureux qui plaisait dans le version originale. En même temps comment instaurer une atmosphère quand la découverte d’une île sauvage ressemble à un shooting photos de mannequin, que pendant une course poursuite les personnages s’arrêtent boire un coup tranquillement dans un bar et que les répliques volent au ras des pâquerettes et désamorcent toute volonté de profondeur ?

Le film n’arrive donc jamais à distiller un semblant d’émotion dans la relation entre Dwan et Kong et ce n’est pas le final qui va enfin nous procure cette émotion tant recherchée puisque cette dernière, à la réalisation et au montage lamentable, ne nous fait ressentir aucune pitié pour le triste destin de Kong, sa chute provoquant chez le spectateur plutôt la joie de voir le film s’achever que la tristesse.

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Et comme les effets spéciaux accusent durement leur poids (à la même époque nous assistons à la naissance des premiers effets spéciaux 3D) et surtout un côté cheap plutôt désagréable (un serpent géant qui semble en plastique mou, une cage qui est tout sauf en métal) bien loin du côté touchant et débrouillard du premier film.

Ce King Kong de 1976 est donc bien loin d’avoir la classe de son glorieux aîné trop embourbé qu’il est à surfer sur la plastique, certes avantageuse, de Jessica Lange, il en oublie l’émotion et l’aventure pour se complaire dans une légèreté érotique usante à la longue.

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« King Kong » de John Guillermin (1976). Avec : Jeff Bridges, Jessica Lange, Charles Grodin, John Randolph. Distribué par Paramount Pictures. Durée : 02 h 14.

12 commentaires

    • Non mais celui là il existe pas comme Indiana Jones 4, les Die Hard après le 3 et tout pleins d’autres trucs que l’inconscient se doit d’oublier ^^

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  1. Moi j’ai trouvé le film pas si con que ça et puis la scène où l’animal « touche » la belle reste une des plus belles aberration cinématographique que j’ai pu voir alors bon…3 sur 7!!

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    • Tu es vraiment plus généreux que moi ^^.

      Dans mes souvenirs c’était nase comme film mais pas plus, j’avais zappé toutes les connotations sexuelles et dialogues crétins

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  2. Tous les remake de King-Kong sont à mon avis voués à l’échec, car la réussite du premier était déjà irrationnelle et imprévisible… comment a-t-on pu mettre en images un tel scénario, déjà à cette époque ? Le premier King-Kong est frappé d’un feeling miraculeux comme le cinéma en propose de temps en temps… trop rarement, d’ailleurs…

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  3. Pour ma part, mettez Marc Shift torse poil dans la rue, et vous l’aurez, votre remake réussi!!
    Et sinon, chroniquer des films de monstres sympas, tu pourrais pas, Toot?

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    • Ah flow tu dois plus te plonger dans le passé du cinéma surtout pour voir un tel « chef d’oeuvre ».

      Surtout les années 70 sont la période des très grosses productions produites par les nabab hollywoodiens et nombre d’entre elles sont maintenant des sommets de kitscherie comme ce King Kong (genre les péplum comme Le Choc des Titans)

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