Zombeavers, de Jordan Rubin (2013), par Sékateur

La firme Troma et en général les années 80 nous ont prouvé qu’un film d’horreur pouvait être très rigolo, tout en restant (un peu) sérieux, merci Stuart Gordon, merci John Landis, alors pourquoi ne pas y aller franco avec une histoire parfaitement débile d’attaque de castors zombies ? Jordan Rubin a répondu à cette question : Zombeavers…

Partant d’un pitch ultra classique : trois jeunes femmes s’offrent un week-end « sans mecs » à la campagne, dans un chalet, près d’une rivière, et se trouvent confrontées à des bestioles infectées par un produit nocif… Partant de ce pitch, donc, Zombeavers a la prétention de nous faire un film d’horreur sympa et marrant à la fois. Belle ambition. Nanti d’un budget rachitique ce film utilise chaque minute de pellicule pour offrir le plaisir régressif que le spectateur attend, on n’est pas volé sur ce point. En même temps, on n’est jamais surpris non plus… Mais est-ce que ça marche ?

Réponse de normand, un peu oui, un peu non… mais pour être honnête, la balance penche sérieusement vers le oui, quand même… Le scénario n’a rien inventé, je l’ai dit, mais le contenu ne se fout pas de la gueule du spectateur. Ce film est tout à fait à la hauteur de son concept. J’ai même été agréablement interpellé par le soin apporté aux personnages, campés par des acteurs et surtout, actrices moins crétinoïdes qu’on aurait pu s’y attendre, encore qu’ils (et elles) le sont un peu, hein…

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En général, dans une production au rabais, on s’ennuie ferme en attendant les scènes gore… dans Zombeavers, on prend vraiment plaisir à suivre ces trois nanas, surtout la Zoé, roublarde et vulgaire, la peste de service. Cynique, drôle et sympa malgré tout, cette fille porte le film sur ses épaules, alors autant citer son nom, elle le mérite : Cortney Palm. Cette actrice a trouvé ici son meilleur rôle, et elle en fait quelque chose… Son personnage de greluche vanneuse et délurée se mue peu à peu en guerrière très premier degré. On est loin de Sushi Girl (car oui, c’est bien elle) où elle fait juste une jolie figuration… En tout cas, durant les trente premières minutes, ses acolytes et elle nous font partager leurs batailles verbales, préoccupations organiques, et peines sentimentales avec un humour potache plutôt bienvenu. L’humour est globalement très réussi dans ce film, et ce dès la scène d’ouverture, bien conne (bien comme il faut, en somme !)
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Le réalisateur, sur cette base burlesque et débile à souhait, a eu l’audace d’essayer de faire un « vrai » film d’horreur. Il se permet de créer une situation claustrophobique, sans gags, faisant écho à un certain Evil Dead, toutes proportions gardées, bien entendu. Car voyons un peu le négatif : la réalisation ne brille pas par son inventivité. On est dans du classique, du plan-plan, le rythme est inégal, et gâche un peu certains effets. Rien de dramatique, mais heureusement que ça ne dure que 68 minutes…
Les effets spéciaux sentent bon l’artisanat, et ça fait plaisir. Ok, c’est parfois un peu ringard, mais justement, ça le fait méchamment !

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Et ça permet de souligner le soin apporté au climax d’ensemble, au jeu des acteurs, car avec des peluches télécommandées, il était bien difficile de rendre crédible cette histoire d’attaque animalière ! Le film fonctionne car il prend soin de ses personnages, c’est suffisamment rare pour être souligné… Bien sûr, le réalisateur essaie créer de « vrais » moments de tension, là, c’est moins convaincant. Déjà, il ne possède pas le talent d’un Sam Raimi, cela semble évident. La caméra bouge assez peu, ça fait un peu téléfilm sur les bords… Ensuite, le scénario est vraiment trop débile pour prétendre au premier degré !

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Nanar, délire Z, parodie, comédie d’horreur, Zombeavers est tout cela à la fois – et pour une fois, ça fonctionne assez bien.

Sympa, à voir
Régressif, drôle et sympa…

 

3 commentaires

  1. Après les serpents, les squales, les fourmis (géantes), les lapins (si, si), voici maintenant les castors ! Et zombies en plus ! Aucun animal ne semble échapper au cinoche Bis. Pas encore vu ce Zombeavers, mais je vais surveiller sa diffusion sur NRJ 12…

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