Autant le dire tout de suite, je n’ai pas adoré tous les films de Dupontel. Alors, oui, il y a Bernie, Bernie et encore Bernie. La claque, à l’époque, faut bien l’avouer. Mais bon, la réussite du premier essai a eu bien du mal à trouver une confirmation. Certes il avait repris du poil de la bête avec « 9 mois ferme » qui s’est bien fait remarquer à sa sortie, mais le succès du suivant laissait augurer d’un changement de cap. Je ne saurais dire si « Au revoir, la haut » est une super réussite, même s’il a bien marché, avoir lu le bouquin m’en a privé de la plupart des effets. Et puis c’était l’idée d’un autre. A croire que le style si baroque, burlesque et dérisoire du réalisateur ne parvenait plus à suivre les idées de l’auteur, du moins le côté « trashouille », au point de devoir se fondre dans l’univers d’un autre… Ici, on retrouve le Dupontel réalisateur, scénariste et acteur. C’est son truc à lui, avec son style, son univers… alors ça donne quoi ?
Déjà, je trouve important que Dupontel ponde ce film maintenant, 24 ans après son coup de maître. Il y a du Bernie dans cette façon d’aborder les situations dramatiques, dans cette façon de filmer. On y croise encore pas mal d’handicapés (tout court, et de la vie en général.) Et pourtant, le cadre n’est plus le même. On quitte les quartiers pourris, les dealers, les camés, pour entrer chez les cadres supérieurs, les travailleurs indépendants, des gens qui ont réussi, qui « ont tout pour être heureux » et qui bien sûr, ne le sont pas. Des gens qui ont réussi, c’est sûr, mais qui ont trébuché… Et surtout, adieu l’aspect trashouille, la maturité, sans doute (encore que William Friedkin a réalisé Killing Joe à 77 ans !)
Je ne vais pas raconter l’histoire, de toute façon, ça ne sert à rien. On y rencontre une flopée de personnages truculents, un peu caricaturaux, sans doute, mais qui apportent beaucoup de fantaisie à l’ensemble. Cela ne déborde pas de gags à la con. Ici, l’humour vient surtout des dialogues, vraiment excellents. Pas de quoi se tordre de rire, non, mais c’est pas grave, parce que ça marche. Certaines scènes jouent sur la corde sensible, et là aussi, c’est plutôt réussi. Surtout grâce à Virginie Efira qui est vraiment juste dans son rôle. Certes, l’actrice est « habituée » à ce genre de personnage et se réfugie dans un créneau confortable pour elle, eh bien, pas la peine de s’en plaindre, elle fait ça très bien. Les autres acteurs, en font des caisses, mention spéciale à Nicolas Marié, en aveugle victime de méthodes policières sentant très fort le clin d’œil (ah, ah) aux gilets jaunes, et bien sûr, Dupontel, toujours grimaçant, mais un peu plus juste niveau émotions. Certaines têtes plus « jeunes » font des apparitions un peu gratuites, sans doute pour appâter certaines tranches d’âge, comme le duo du Palmashow ou encore Kyan Khojandi.
On obtient un long-métrage très cartoon, dans la pure tradition de l’auteur, avec une bonne histoire, de bons interprètes, un soupçon de pics satiriques – certes émoussés – et des moments d’émotion assez réussi. Maintenant, la bienveillance de l’ensemble éloigne le long métrage de l’esprit « sale gosse » des débuts. On peut le regretter… ou pas !

Bernie, j’adore ! Pas encore vu ce film…
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