Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud (1986) par Marc Shift

Au 14éme siècle, au sein d’une abbaye se succèdent des meurtres plus énigmatiques les uns que les autres. Un moine franciscain et son jeune disciple se chargent de l’affaire.

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UNE TÊTE PAS CATHOLIQUE.

Attention, ceci est un monument du cinéma. Et donc bien entendu je vais commencer par les défauts. La photographie du film manque de clarté à mon goût (oui je sais il y a beaucoup de scènes de nuit, mais ça n’est pas une raison)!!! et ça nuit à la lisibilité de l’ensemble. En même temps, je ne sais pas si ça vient de la compression pour le DVD. Voilà voilà….Ah!! j’avais dis « les »….. c’est que pour moi c’est bien le seul défaut.

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 Bon, sérieusement ce film est basé sur le premier roman d’Umberto Eco (à la base universitaire italien très reconnu, je vous fais grâce du CV) « Le nom de la Rose », et cette adaptation est monumentale.

Le synopsis peut se résumer à une enquête sur des morts mystérieuses de moines dans une abbaye. Sauf que le contexte spirituellement tendu est réel, cela se déroule au moment des grands procès d’inquisition (aux environs de 1327), où l’Église combattait par le feu toutes dérogations à son orthodoxie, où les querelles entre les franciscains et le pape sont vives…..

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Les personnages aussi sont réel, de Bernard Gui (inquisiteur très connu à cette époque), les frères franciscains (William/Guillaume de Baskerville est basé sur un personnage ayant réellement existé)…. Alors on met la mention « tiré/basé sur des faits réels » ou autre? Et bien non, tout cela est fait pour raconter une histoire crédible, dans univers crédible. C’est de cette manière qu’a été écrit le roman (lecture passionnante pour peu que l’on aime le Moyen Âge) et c’est de cette manière qu’a été fait le film. En soit c’est déjà un exploit car le film baigne vraiment dans une atmosphère oppressante où le malaise est palpable, une ambiance de fin du monde (ou plutôt d’apocalypse, une réalité spirituelle de l’époque).

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J.J. Annaud réussit pleinement le paris de nous immerger dans l’époque médiévale. Et l’intrigue me direz vous dans tout ça? Dans une abbaye, lieu prévu pour une rencontre entre une délégation de moines franciscains et le légat du pape pour trancher un débat théologique, on découvre un cadavre.

Un moine, William/Guillaume (VO/VF) de Baskerville (Sean Connery) et son disciple Adso (Christian Slater) arrivent et résolvent rapidement par un raisonnement logique, cette mort qui a plongé les lieux dans la confusion. Pourtant, durant la nuit des événements étranges se produisent et un nouveau cadavre est découvert au petit matin. Ces découvertes successives semblent suivre les textes annonciateurs de l’apocalypse. C’est alors un affrontement entre la raison (instrument de l’hérésie), la superstition des moines et l’inquisition toute puissante.

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On aborde des sujets qui ont déchiré l’Église de l’époque sur la pauvreté du Christ, ainsi que le rire comme une arme de dérision, de la peur du diable… Et à aucun moment le spectateur n’est perdu grâce à un script lumineux, des acteurs au top: Sean Connery voulait le rôle et sa prestation s’en ressent vraiment, un jeune Christian Slater déjà talentueux, des seconds rôles (dont Ron Perlman, Michael Lonsdale….) au diapason. Les décors sont vraiment très réussis, et la musique participe pleinement à l’ambiance.

le nom de la rose1986real : Jean Jacques AnnaudCOLLECTION CHRISTOPHEL

Film européen à grand budget (pour l’époque), une réussite incontestable malgré les libertés prises avec le roman, notamment au niveau de la conclusion, mais cela fonctionne bien. Ce film est donc indispensable, car maintenant les grands budget en Europe ça peut donner « Astérix aux jeux olympiques »……no comment.

 

Entre culte et chef d'oeuvre
Entre culte et chef d’oeuvre

NDLR: Marc Shift fait mine d’oublier la performance physique de Valentina Vargas…nous, non!!! Hé hé!!

Mais non la preuve :

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18 commentaires

  1. Ah merci pour cette chronique. Ca va me permettre d’étayer un peu plus ma réputation d’accro à la vérité historique. Ce film est une merveille à l’intelligence impécable. Je m’explique.
    Il faut auparavant rétablir une vérité historique : l’inquisition, bien que violente, n’a conduit qu’à d’assez rares bucher (on confond avec la chasse aux sorcière du XVIIe siècle). Il ne faut donc
    as voir un mouvement de masse souvent comparé à tord comme l’holocauste. La très grande majorité des faits inquisitoires se règlaient par la conversion, la sanction financière, l’emprisonnement le
    cas échéant. Dans certains cas extreme, comme pusieurs régions françaises, il y a bien eu des bûchers.

    Et c’est là que le film de JJ Annaud joue intelligemement le coup. il retranscrit, à l’instar de Ucco un Moyen Age romanesque, qui a bien existé. Il y ajoutent une touche de roman, d’invention,
    mais ne prennent jamais au piège le lecteur/spectateur. On sait que le bouquin est un roman, non pas un livre historique? Il s’inscrit juste dans un contexte réaliste, se réappropriant des figures
    historiques.

    Voilà toute la différence entre ce chef-d’oeuvre (magnifiquement chroniqué au passage) et un film pas mal mais trompeur comme Agora.

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  2. découvert (hier!) dans de pas trés bonnes condition sur…virgin17 (coupures pub+inserts de programmes à venir de la chaine bien inscrustés sur l’écran,la classe) comme je le disais à bruce, ça m’a fait penser à « colombo chez les moines », véritable challenge (réussi) de la part de annaud
    à nous faire captiver par une telle histoire, ron perlman en linguiste bossu chtarbé m’a fait bien tripper, la sauvageonne aussi mais pour d’autres raisons elle m’a fait penser aussi à celle dans le pacte des loups….

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  3. Non je n’ ai pas oublié la performance de la demoiselle Valentina Vargas, très jolie au demeurant, avec la quelle Slater n’ a pas fais que tourner cette scène (moi aussi j’ ai des infos people. Bon
    d’ accord elles ont 25 ans mais quand même.
    Quand aux victimes de l’ inquisiton on parle quand même en dizaine de milliers de victimes (et non je ne confond pas avec la chasse aux sorcière), sans compter le nombres de personnes torturées (5
    à7 fois plus nombreux), mais c’ est vrai qu’ il y a un problème de sources.
    En tous cas merci pour les appréciations.

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  4. Voir Guillaume tenter de sauver les livres de la bibliothèque en flammes, c’est un de mes plus beaux moments de cinéma : il n’a pas peur pour sa vie, il craint pour les livres, ces manuscrits
    inestimables. CE film est un de mes 10 préférés, et clairement l’un des meilleurs jamais réalisés.

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  5. Tout à fait d’ accord, j’ ai moi même tendance a oublié ce film parmis mes films cultes, c’ est entre autre mon préféré avec Sir Connery (il en faut un), beaucoup de thème avec l’ ambiance, l’
    histoire, un fillm très riche, une quête proche du Graal….on peut toujours en rajouter

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