Dr Folamour de Stanley Kubrick (1964) par Marc Shift

En pleine guerre froide, le général Ripper décide seul d’attaquer l’URSS avec tous les bombardiers atomiques à sa disposition.

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PAIX FRATERNELLE….

Tout d’abord je vais quand même vous donner le nom complet du film qui est « Dr Folamour ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe » ensuite, je vous fais un petit rappel historique (vous avez l’habitude maintenant) car le film aurait du sortir en Novembre 1963. En fait 1 à 3 jours après l’assassinat de JFK, du coup la sortie du film fut repoussée à janvier 1964. Surtout que le film est centré sur ce que JFK a fait de plus important de son mandat, la résolution de la crise cubaine de 1962, qui fut le point culminant de la Guerre Froide.

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Pour vous éviter les recherches, cette crise découle de la volonté du gouvernement russe de placer des ogives nucléaires à Cuba (soit à 200km des States), juste pour le fun quoi. Et sans le sang froid du gouvernement américain (et de JFK) une guerre nucléaire aurait sans nul doutes éclatée (mais avec des si….). Si en 1964 la tension est redescendu cette possibilité est toujours présente dans les esprits (le marché des abris anti-atomiques était encore florissant), et plutôt que d’en faire un film plein de civisme et de sens moral, Kubrick en tire une satyre grinçante et incisive.

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J’avoue que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec ce film, pensant que le film serait surtout burlesque. Erreur grave. Je connais les films de guerres sérieux du bonhomme (« Les sentiers de la gloire », « Full Métal Jacket »), où on voit clairement qu’il n’est pas un fervent admirateur de la cause militaire.

Et bien sur cette réflexion spécifique, je trouve que ce film est son meilleur, et qu’il est sur la même ligne que « Le Dictateur » de Chaplin (on prend un sujet très grave et on le tourne en dérision, c’est ne sont pas les seuls, mais ce sont les meilleurs exemples). Je m’attendais un peu (trop?) à une sorte de grosse farce, mais le film est bien plus subtile que ça. Et pourtant le générique nous entraîne dans cette voie avec sa petite musique gentillette sur des images de bombardiers au ravitaillement (avec quelques saillies visuelles assez drôles et graveleuse…..), et même l’écriture utilisée pour le générique qui fait tout sauf sérieuse (tout est important dans un film, même ça).

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Et d’ailleurs le ton de la musique tout au long du métrage semble gentiment ironique (je n’ai pas tout compris de la chanson de fin, mais ça parle quand même de jours ensoleillés et joyeux, sur des images qui n’évoquent pas ça du tout). Après, une fois n’est pas coutume, Kubrick s’appuie beaucoup sur son scénario (où il a mis sa patte), les dialogues et sur les acteurs et un peu moins sur sa mise en scène.

Alors évidement visuellement c’est bon ( y a de la shaky-cam pour les combats…..), mais c’est surtout l’absurde des situations qui fait la force de ce film. Je ne vais pas faire état des plus connues (les interventions du Dr Folamour, celle du général « Buck » Turgidson sur le vol des bombardiers…..), mais celle qui m’a le plus scotché se passe autour d’un distributeur de coca….hillarant. A noter aussi, ce que j’appelle les p’tits trucs visuels, certain plans, cadrages, écrits (comme un « la paix est notre profession » visible pendant un mitraillage….) parsèment le film et soulignent le caractère grinçant. Les acteurs sont vraiment très bons, Peter Sellers est vraiment génial avec ses trois rôles.

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Et faites bien attention aux noms des personnages (un général appelé Jack l’éventreur c’est rigolo, surtout quand son contradicteur s’appelle Mandrake comme le magicien……).  Avouons tout de même des petites longueurs ici ou là, notamment quand une scène semble finie et la caméra reste en plan quelques secondes (de trop?), mais qui n’enlèvent rien à la qualité du film.

« Dr Folamour » de Stanley Kubrick, distribué par Columbia Pictures. Avec Peter Sellers, Geoge C. Scott, Sterling Hayden, Sim Pickens….Durée: 1h31.

un bon film
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8 commentaires

  1. Immense ce film, et puis, il fait partie de ce petit groupe de film qu’on savoure de plus en plus au fils des visionnages. La dernière séquence autour de la table est mémorable, ces hommes qui se
    préparent à vivre dans un monde où ils seraient rois.

    Pour le final avec We’ll meet again, le plus ironique réside dans cette insistance sur laquelle la chanson dit qu’on se reverra, dans des circonstances inconnues, mais, on se reverra !

    @Sékateur, la première fois que je l’ai vu, ça m’avait un peu laissé de marbre aussi. Et puis, qq années plus tard, en y revenant, la révélation ! Depuis, je le regarde « régulièrement ».

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  2. Jamais vu mais les extraits m’ont vaguement parlé et j’y ai retrouvé un humour qui fait « so british » et ça ça me plait!! Je vais me rattraper!!

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  3. Vraiment très bien ce film, une bonne découverte pour moi.

    C’ est vrai aussi que c’ est pas forcément un film dans le quel on rentre facilement (y a une certaine distance en fait), mais une fois que c’ est fais on voit que c’ est vraiment bon.

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  4. Ah, il me semble que c’est l’un des films de Kubrick les plus simples à aborder.

    Ce que je trouve impressionnant notamment est qu’il n’est pas du tout vieilli alors que le contexte historique est radicalement tranformé (seule la toute dernière blague sur l’écart – « gap » –
    entre les puits de mine est aujourd’hui difficile à bien comprendre). Ceci dit, je ne connaissais pas l’anecdote sur le décalage de la date de sortie et pourtant, je connais bien les histoires
    autour du père Stanley.

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