Retour vers le futur 2 de Robert Zemeckis (1989) par Tootsif

VERS LE FUTUR ET AU DELA !

Marty a commis quelques erreurs au cours de sa vie et l’avenir qu’il s’est tracé n’est pas si rose, et en 2015 son rejeton est tombé sous la coupe du voyou Griff Tannen, qui veut régner sur la ville. En compagnie de son ami Emmett « Doc » Brown et de sa fiancée Jennifer, Marty va devoir entreprendre un voyage vers le futur, pour tenter de donner un peu plus de moralité à son héritier. Un voyage aux conséquences dramatiques…

Une équation mise en lumière par le célèbre théoricien hollywoodien John Edgard Dollar énonce la règle suivante : « Tout film ayant eu un succès certain au box-office se doit d’avoir une suite ; et cette suite se doit de reprendre la formule de départ en augmentant les éléments qui ont fait son succès à la puissance 10 ».

Et bien Retour vers le Futur II a parfaitement compris cette règle puisqu’avec cet épisode c’est en vrac (attention à lire très vite pour donner une impression de vertige) : plus de voyages dans le temps, plus de risques de rupture du continuum espace-temps, plus de Marty McFly (des fois 2 à l’écran), plus de Michael J Fox (des fois jusqu’à 3 ou 4 à l’écran et c’est parfois un poil trop), plus de Doc, plus de folie, etc, etc, c’est bon vous pouvez reprendre votre souffle.

« Dis alors, tonton Tootsif, Retour vers le futur II c’est juste Retour vers le Futur I à la puissance mille ? »

« Mais non les enfants, Retour vers le Futur II, c’est bien plus qu’une simple redite de son illustre prédécesseur gonflée aux hormones. ».

Car, si effectivement le début fait pense au premier épisode (découverte d’une nouvelle époque avec tout le côté folklorique que cela comporte, « reprise » de la scène du skate), le film s’en détache grandement par la suite avec un rebondissement scénaristique qui va le faire sortir du chemin banalisé qu’il semblait emprunté.

D’un coup fini la petite (mais grande par le talent) comédie qui jouait sur le décalage entre le héros et l’époque qu’il découvre, Retour vers le Futur II devient d’un coup plus sombre, plus tendu. C’est (toute proportion gardée) un peu l’épisode L’Empire contre-attaque de la trilogie.

En effet, à vouloir tirer à son avantage la découverte du futur, Marty se fait entuber par Biff, l’ennemi héréditaire de sa famille et la charmante Hill Valley de son bon vieux 1985 devient Hell’s Valley, ville cauchemardesque, refuge de criminels et de crapules, contrôlée par Biff (accessoirement devenu le beau-père de Marty), la faisant ainsi ressembler au Manhattan du film New York 1997 de John Carpenter.

Ah c’est sûr que ça change des gentilles années 50 dignes d’une publicité ventant les mérites du système économique et politique américain !

Et notre pauvre Marty s’il veut échapper à ce funeste sort (pas pire que celui du Doc carrément interné) va devoir revenir dans les années 50 pour empêcher le Biff de 2015 de remettre au Biff de 1955 l’Almanach des sports qui lui permettra de faire fortune et d’être le maître d’Hill Valley en 1985 ! Donc le Marty de 1985 revient en 1955 pour récupérer l’almanach et retrouver son bon vieux 1985 (qu’il avait déjà modifié dans l’épisode I) tout en évitant de croiser l’autre Marty de 1985 (celui qui va en 1955 pour la première fois) pour ne pas provoquer la destruction de l’univers ou son évanouissement.

C’est bon, vous avez suivi ?

Car c’est ça qui est fort dans ce Retour vers le Futur II, cette course poursuite à travers les époques et cette partie de cache-cache entre les Marty en 1955. Au premier abord cela pourrait sembler un vil prétexte pour réutiliser tranquillement les scènes du 1er et donc faire un film sans trop se faire chier, mais il n’en est rien car ce passage nous présente sous un éclairage différent des scènes, lieux et personnages que l’on croyait parfaitement connaître tout en faisant monter inexorablement la tension (attention c’est pas non plus un polar haletant, faut pas abuser) car l’on devine la rencontre entre les 2 Marty inéluctables

Retour vers le Futur II joue donc sur plus de tableaux que son illustre prédécesseur en ne se cantonnant pas à la simple comédie et surtout en utilisant plus habilement le ressort du voyage dans le temps.

Celui-ci devient donc le cœur de l’intrigue et non un prétexte pour déplacer un personnage dans une époque différente et ainsi juste jouer sur le décalage entre les 2 (même si la première partie du film, en 2015, joue effectivement sur cet aspect : Marty qui trouvait tout « daté » en 1955 est cette fois-ci totalement dépassé).

Ici le voyage dans le temps permet de faire avancer l’intrigue, de créer de nouvelles pistes, de faire flipper Marty à cause du risque de déchirure dans le continuum espace-temps, bref devient le centre nerveux du film.

Cette diversification, cet approfondissement des mécanismes se voit aussi à travers le personnage de Marty McFly. Ce dernier n’est plus le gentil ado du premier mais dévoile une face plus sombre (là aussi toute proportion gardée hein ! C’est pas Anakin Skywalker devenant Dark Vador non plus !) à travers sa forte  propension à s’emporter qui le mènera dans des situations difficiles (introduisant un des éléments centraux du troisième épisode).

Plus varié, plus rythmé, Retour vers le Futur II n’est cependant pas la suite parfaite. D’abord les phases comiques sont parfois assez lourdes et le fait d’avoir pris Michael J Fox pour interpréter la descendance de Marty (même sa fille) accentue cet effet de comédie parfois beauf et franchement crétine ( notamment la scène du repas qui fait penser à du Eddy Murphy avant l’heure) et surtout, pour les esprits chipoteurs, si le voyage dans le temps est au cœur de l’histoire, son traitement laisse à désirer avec de nombreuses incohérences. Dont voici un petit listing (non exhaustif)..

Ainsi le Biff de 2015 revient tranquillement dans son 2015 non modifié après avoir remis l’almanach des sports au Biff de 1955 alors que cela aurait du, comme pour le Marty du 1er film, modifié son époque à son retour (et donc Marty et Doc ne pourraient plus être là pour sauver la petite amie de Marty). Cependant on voit le vieux Biff se sentir mal (et dans une scène coupée s’effacer) donnant ainsi l’impression que peut être le 2015 est en train de changer.

Par ailleurs chaque modification à une époque donnée devrait en fait donner lieu à une ligne de temps différente et supplémentaire qui coexisterait avec les autres ? Il devrait donc exister simultanément un 1985 où Biff est le boss du père de Marty (celui du début du 1), un où le père de Marty est écrivain (celui causé par l’intervention de Marty en 1955) et un dark 1985 (causé par le Biff de 2015) donc laisser la Jennifer du « bon » 1985 dans le mauvais en espérant la retrouver après  avoir empêché la remise de l’almanach entre le vieux et le jeune Biff ne devrait pas être possible car elle devrait rester coincée dans le « mauvais » 1985 !

Vous avez suivi ? En fait la même question se pose dans la saga Terminator (John Connor est le fils d’un homme qu’il a envoyé dans le passé mais comment peut il exister si la guerre contre les machines n’a pas lieu ?)

Mais bon, ces questions pointilleuses et tatillonnes montrent que le film a su dépasser le statut de très bon divertissement  du premier épisode pour atteindre des strates plus hautes. Tour à tour drôle, trépidant, sombre, il est à mes yeux le meilleur épisode de la trilogie.

Tootsif.

« Retour vers le Futur 2 » de Robert Zemeckis. Avec : Michael J Fox, Cristopher Lloyd, Lea Thompson. Distribué par United International Pictures. Durée : 1 H47.


9 commentaires

    • Tu vois moi c’est l’une des rares suites que je trouve tenir amplement la comparaison avec le volet originel (et même lui être supérieur grace à une meilleure gestion du voyage temporel et un côté un peu plus dark) (tout comme je préfère L’Empire contre-attaque à Un nouvel Espoir pour son côté plus sombre)

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  1. Et comment que l’empire contre-attaque est meilleur! 🙂
    De même, j’ai préféré cette suite à l’original.
    Par contre, les incohérences dès que tu parles voyage dans le temps, il y en a partout…
    Vaut mieux ne pas y réfléchir, ça évite le mal de tronche!

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    • Et ouis 2 des rares cas où la suite est pour moi supérieure à l’original !
      Quand à se prendre la tête sur les incohérences des voyages dans le temps c’est plus pour le côté marrant de la chose que pour gueuler sur le manque de réalisme

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  2. Le meilleur, l’inoubliable, le plus fou, le plus rythmé.
    Il a marqué ma jeunesse et me fous encore sur le cul dès que je le revois.
    Franchement mon Robert, je t’aime !

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  3. le truc avec Terminator et John Connor m’a turlupiné (c’est pas un gros mot!) pendant des années, un fan de SF m’a expliqué le pourquoi du comment en pretextant les dimensions parallèles, ça m’a suffi

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    • Effectivement le coup des dimensions parallèles permet d’expliquer en principe ls problèmes de voyage dans le temps mais pas toujours (dans le cas de Terminator c’est plus complexe puisqu’en principe c’est John lui même qui envoie son père dans le passé alors pour que ce John initial existe il faudrait un univers de départ où Kyle n’est pas son père) (Dragon Ball expliquait bien ce problème avec l’histoire de Trunks).

      Pour Retour vers le futur II, le problème est qu’a priori la modification d’une époque modifie directement l’époque d’où est originaire le perturbateur et ne créé pas une 2eme ligne temporelle, d’où le pb que pose le retour du vieux Biff dans un futur qui ne semble pas avoir changé (d’où les théories sur son effacement pour expliquer ça)

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