Le Monde Fantastique d’Oz de Sam Raimi (2013) par Tootsif

Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Théodora, Evanora et Glinda semblent réellement douter de ses compétences…
Grâce à ses talents d’illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de sorcellerie, Oscar va très vite se retrouver impliqué malgré lui dans les problèmes qu’affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais si un destin hors du commun ne l’attend pas au bout de la route ?

 affiche le monde fantastique de oz

LE MONDE IMMONDE ET LES PERSONNAGES FANTASTIQUES DE OZ

Dans les pays anglo-saxons les histoires d’Alice au Pays des Merveilles et du Magicien d’Oz sont des institutions qui ont influencé leur culture (référence à Alice dans Matrix avec le tatouage du lapin et à Oz tant dans Avatar que dans l’œuvre la Tour Sombre de Stephen King).

Les voir adaptés au cinéma est donc des plus normal et les voir produits par les studio Disney l’est tout autant (d’autant que le studio avait déjà adapté pour un résultat magnifique, en dessin animé, Alice au Pays des Merveilles) et donc ainsi, 3 ans après le décrié Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton c’est au tour du monde d’Oz de débarquer dans nos salles obscures.

 image le monde fantastique de oz - 1 - michelle williams - james franco

Et, je dois dire que je n’attendais rien du nouveau bébé de Sam Raimi. De un même si j’apprécie le réalisateur je m’attendais à ce que le contrôle de Disney bride son talent créatif et son humour, de deux le succès commercial d’Alice malgré la catastrophe artistique que le film était allait forcément influencer le métrage.

Et la bande-annonce ne faisait que confirmer mes craintes car outre le fait d’être en 3D, le film dégobillait un univers gothico-coloré au design à gerber. La « Sam Raimi’s touch » empêcherait t elle le film d’être un nouvel Alice ? Priori rien n’était moins sûr.

Et cette désagréable impression est confirmée par un début de film qui suit la ligne tracée par Alice : générique de présentation faussement stylé façon théâtre de marionnettes censé vous montrer que la 3D n’est pas là simplement pour vous extorquer quelques euros supplémentaires, introduction bien trop longue en noir et blanc et en 4/3 pour se la jouer notre monde est bien trop étriqué et découverte de Oz et de son design hideux avec ses couleurs flashy qui vous pètent à la gueule et vous collent la gerbe.

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Oui, tout augure du naufrage artistique comme cette première rencontre entre Oz (James Franco) et Theodora et ses conversations d’une mièvrerie sans nom.

Mais, le miracle va avoir lieu pour permettre au film d’éviter le naufrage complet et vous emporter assez pour faire fi de la mièvrerie sans nom du film, de son histoire cousu de fil blanc et de son design général immonde (oui, je sais ça fait beaucoup de défauts quand même), c’est la qualité d’écriture du personnage de Oz et de ses deux compagnons d’aventure, le singe ailé , et la petite fille de porcelaine.

A eux trois ces personnages vont porter le film sur leurs épaules tant leurs relations et leurs joutes verbales vont ainsi apporter cette touche humoristique si particulière à Sam Raimi.

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D’abord il y a Oz, le magnifique, le formidable, le merveilleux Oz ! Enfin surtout le débrouillard, menteur et manipulateur Oz !

Car, ce dernier n’a rien d’un grand magicien qui vient pourfendre les sorcières et rétablir la paix et la justice. Oz est un manipulateur, un bonimenteur de foire dont l’ingéniosité et les belles paroles sont la véritable magie. Ainsi comment ne pas voir en lui le reflet d’un Sam Raimi, de ce réalisateur qui avec 3 bouts de ficelle vous faisait croire à l’impossible.

Le personnage est ainsi une tête à claques égoïste et égocentrique génialement interprété par James Franco (ptet parce que d’habitude je le trouve tête à claques) dont la débrouillardise n’a d’égal que sa vantardise.

Car, si dans le monde de Oz la vraie magie n’existe pas, les tours de magie si. Et c’est ainsi, comme un cinéaste, avec ingéniosité et talent de mise en scène, qu’il va convaincre le peuple d’Oz de son immense talent de magicien.

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L’analogie avec le monde du cinéma fonctionne donc à merveille et le tour final de Oz un grand moment de mise en scène dans tous les sens du terme.

Le Monde Fantastique de Oz réussit sur ce plan là où Les Frères Grimm de Terry Gilliam avait échoué en gardant ce côté ingénieux et factice de la magie au cœur de son récit.

Et puis il y a les personnages de Finley et de la petite fille de porcelaine, réminiscences de rencontres réelles de Oz permettant ainsi d’encore plus étroitement lié le réel à l’imaginaire.

Finley renvoie ainsi à son associé qu’il traite de singe et la petite fille de porcelaine aux jambes brisées renvoie à cette jeune fille handicapée qui croyait tant que le grand magicien pouvait la soigner. Mais ce qui est impossible dans le réel l’est dans l’imaginaire et permet ainsi à Sam Raimi de nous livrer là la scène la plus touchante du film.

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Les relations entre les 3 protagonistes, leurs échanges verbaux apportent ainsi un charme certain au film et cette note d’humour si propre à Sam Raim (voir la poupée de porcelaine sortit un couteau et parler de zigouiller la sorcière est à hurler de rire.

Il est ainsi dommageable que tout cela soit noyé par un cahier des charges rigide qui empêchent hélas Sam Raimi d’aller plus loin dans une relecture personnelle du mythe du magicien d’Oz, le film étant calibré pour satisfaire le plus grand nombre (c’est à dire nos chères têtes blondes qui emmèneront pôpa et môman pour les accompagner) et une esthétique à vomir (non mais ce design c’est juste pas possible tout comme la face sombre de Theodora juste ridicule).

Heureusement son trio de personnages principaux, son humour et sa malice dans l’analogie entre cinéma et magie l’empêchent de rejoindre Alice aux Pays des Merveilles dans le cimetière des immondes gâchis.

 Un film moyen

« Le Monde Fantastique de Oz » de Sam Raimi (2013). Avec : James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz, Michelle Williams, Bruce Campbell. Distribué par Walt Disney Studio. Durée : 02 H 07.

8 commentaires

  1. Deception, le film est bien mièvre, le style percutant de Raimi n’est perceptible que part de trop brefs instants, la prod design pique la rétine. l’histoire (un imposteur vu comme un messie va aider un peuple opprimé) ressemble à evil dead3 sans le fun, le look de la sorcière interprétée par Mila kunis (qui a un peu top mangé de gateaux sur le tournaje)est embarrassant, Franco joues bien les sfx sur le singe sont très corrects mais ça ne sauve pas l’ensemble, si il faut voir un métrage disney réalisé par un ex wonder boy d’ hollywood il faut se tourner vers Burton et son « Frankeenweenie » bcp plus sympatoche.

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    • Effectivement le cahier des charges disneyen phagocyte la créativité de Raimi et les SFX tout comme le design sont à chier, mais étonnement j’ai passé un moment agréable grâce au parallèle magie/cinéma et la malice de Oz

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  2. Mouais, bof… Pour moi c’est idem que pour « Alice… » de Burton, l’un et l’autre sont cloisonné par Disney, on retrouve pas leur patte et au final ce sont des contes très disneyien à défaut d’être burtonien ou, ici, Raimien… 1/4

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    • Arf t’es encore plus dur que moi là. Pour moi c’est quand même un cran au dessus d’Alice avec un humour qui fait mouche, quelques instants de poésie (le recollage des jambes de la poupée de porcelaine) et cette ode au bricolage, aux artifices, au cinéma

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  3. Mouais. Les personnages (le trio ou les autres) ne m’ont pas convaincu (Oz en tête malgré le talent d’un Franco inspiré) et le scénario est bidon. L’esthétique ne l’est pas vraiment et la 3D est (encore une fois) floue. Il n’y a que la splendide fin avec sa métaphore magie/cinéma pour sauver le film du naufrage. C’est bien pauvre.

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    • Totalement d’accord sur les points négatifs (en même temps ils sautent tellement à la gueule au visionnage) mais les points positifs (le trio de personnages, quelques scènes inspirées, l’analogie magie/cinéma)m’ont permis de surmonter ces défauts et de passer un moment plutôt agréable

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