La dernière orgie du 3ème Reich, de Cesare Canevari (1977), par Sékateur

Les nazis sont méchants. C’est expliqué dans le programme scolaire… Ce sont des soldats à la solde d’un gouvernement ouvertement raciste, sadique, manipulateur, cruel et inhumain. Tout le monde le sait. Spielberg a formidablement mis en image cette folie humaine… Son film est une pierre angulaire du cinéma contemporain. Bravo à lui. De façon plus modeste, le cinéma d’exploitation italien a rendu hommage à cette époque honnie, à sa façon. La plus graphiquement abjecte, la plus moralement repoussante… C’est une alternative… Spielberg ou les ritals, à vous de choisir !

Je l’avoue, j’ai fait mon baptême de la nazisploitation avec ce film. Je remercie donc Artus Films de me l’avoir fait découvrir. Pour le petite histoire, il a été (re)distribué par leurs soins en octobre 2016.
Même si j’en avais déjà entendu parler, ce type de long métrage, assez rare, au regard de ce qui a été produit dans d’autres genres, est resté à distance de mes paluches de loueur de VHS…

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Il s’agit donc d’une découverte. J’ai visionné ce film sans a priori. Bien sûr, je me doutais bien en glissant la galette dans le lecteur, que le spectacle serait particulier…

Eh bien… comment dire… ce film exploite avant tout des fantasmes. Un bon paquet. Jusqu’à l’outrance. À en vomir… Il ne faut pas voir ici de la « vérité », nous sommes dans un délire de domination sadienne, faite d’humiliations, de tortures, et de crimes…

Cette dernière orgie du 3ème reich nous conte le calvaire de Lise Cohen, une jeune juive blonde, pulpeuse, charmante, au regard expressif (!) Persuadée d’avoir conduit sa famille au massacre, lors d’un aveu coupable, elle a perdu toute volonté de vivre. Soumise aux fantaisies des officiers nazis, suite à un festin… douteux… la belle Lise va faire la connaissance du commandant Von Starker de façon plus intime. Et va en subir les conséquences. Car ce dernier veut la faire crier, supplier, en la soumettant aux pires exactions – et son impassibilité va le pousser à aller toujours plus loin. Les tortures seront autant physiques que psychologiques…

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Pendant 1h15, le film accumule les perversions, les brimades, les bassesses. C’est juste dégueulasse. Faut s’y faire. Pour ceux qui ont lu Sade, rien de bien surprenant. On navigue dans les eaux saumâtres de la bêtise et de l’avilissement. Pourquoi pas. Le film reste un divertissement, certes un peu trash, pas vraiment érotique (ou alors de façon très coupable !) Le fantasme proposé ici rejoint le SM. On aime être perverti, humilié, et en retour, on jouit de la souffrance de l’autre. Et le spectateur se pose en voyeur. C’est malsain, oui, mais c’est voulu !…

Maintenant, le principe de l’officier nazi complètement con, sadique, pervers, qui prend plaisir à torturer une jeune juive dont il est secrètement amoureux, relève certes du propos sadien, mais ici, allez comprendre, il tombe plutôt dans la bluette romantique… j’y reviendrai…

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Violent et sans concession, ce film dévoile ses véritables intentions après le « retournement de chaussette » opéré à la 75ème minute, à savoir une fellation de Luger… La scène a tout pour devenir culte (et à mon avis, elle l’est !), en tout cas, elle constitue la seule véritable scène érotique de ce film… Le reste étant trop cradingue pour exhaler la moindre volupté. Daniela Poggi y fait montre d’une sensualité qu’elle ne dévoile pourtant jamais dans le reste du film, car elle demeure très froide, très distante, bref, très neutre… quel dommage…

Bref… hum…

Les 75 premières minutes du long-métrage sont dignes du genre « Nazisploitation » ; on sent que le réalisateur offre au spectateur ce qu’il est venu voir. Des tortures, des viols, des fantaisies culinaires, portant jusqu’à l’abjecte son propos. C’est gerbant à souhait, même si l’on peut y déceler ici ou là, quelques pointes de second degré. En tout cas, j’ai cru en apercevoir… mais même sans cela, le discours du réalisateur ne saurait être réduit à la simple exploitation d’un contexte affreux, déviant et glauque. Au contraire. En s’acharnant à décrire les exactions que le commandant opère sur la jolie blonde, il en vient à aborder plusieurs sujets hautement intéressants. En premier lieu, la compromission. Jusqu’où aller dans le sens de ses bourreaux pour leur paraître agréable, et assurer sa survie ? Jusqu’où aller pour s’assurer de l’amour de l’ennemi ? Jusqu’où s’impliquer pour ne pas soi-même éprouver de sentiments envers l’ennemi ?

J’en oublie certainement, mais ces questions forment la véritable substance de « la dernière orgie du 3ème reich »…

Le dénouement, très romantique, se détache complètement de la débauche décrite précédemment. On entre vraiment dans la psychologie de la jeune juive, par le biais de sa relation privilégiée avec le commandant.

Le dénouement, très fort, achève avec maestria cette œuvre étonnante.

Je préfère oublier la version alternative, présente sur le DVD d’Artus Films, car cette minute de bobine suffit à elle seule à corrompre la force du final…

En conclusion, je dirai que pour évaluer ce film en toute objectivité, il est préférable de faire glisser son curseur d’appréciation en mode « exagération » ; c’est comme un roman « trash », on sait qu’on doit s’attendre à quelque chose de sale, et si on n’est pas client, autant passer son chemin. La dernière orgie du 3ème Reich n’a pas froid aux yeux. C’est du lourd niveau dégueulasseries, et même si on pourra regretter des effets spéciaux un peu moyens et le cabotinage de certains acteurs, le spectacle est à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre ; et en plus de cette violence graphique, le réalisateur a su conférer une substance à son film, grâce à une certaine « finesse » dans la psychologie du personnage principal. Je trouve ça très fort.

Si on accepte le principe de ce genre de cinéma, c'est très fort !
Si on accepte le principe de ce genre de cinéma, c’est très fort !

 

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