The Mist de Frank Darabont (2007) par Tootsif

Tandis qu’une brume étrange semble envelopper une petite ville du Maine, David Drayton et son jeune fils Billy se retrouvent pris au piège dans un supermarché, en compagnie d’autres habitants terrorisés. David ne tarde pas à s’apercevoir que le brouillard est peuplé d’inquiétantes créatures…
Leur seule chance à tous de s’en sortir consiste à s’unir. Mais est-ce possible quand on connaît la nature humaine ? Alors que certains cèdent à la panique, David se demande ce qui est le plus effrayant : les monstres qui rôdent dans la brume ou ses semblables réfugiés dans le supermarché ?

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MIST-ERE

Oh une adaptation d’une oeuvre de Stephen King au cinéma ! Cool ça ! Parce que je suis à la base un grand fan de ses romans qui ont marqué mon adolescence (Ca, Salem, Shining, Le Talisman, Marche ou Crève, La Ligne Verte et La Tour Sombre sont des bouquins que j’ai lu et relu) et même si ces dernières oeuvres sont moins transcendantes (quoique Dôme est génial. Jusqu’à son final moisi) et que les adaptations cinématographiques ont donné de très bons films (Christine, La Ligne Verte, Running Man) et même de véritables chefs d’oeuvre (Shining même si Stephen King n’apprécie pas la vision de Kubrick de son oeuvre, Dead Zone).

Mais, tout comme ses derniers bouquins pas franchement réussis, les dernières adaptations cinématographiques (Dreamcatcher, Fenêtre Secrète, Coeur Perdu en Atlantide) ne volent pas très haut depuis La Ligne Verte. Donc globalement même un fan de King comme moi devrait voir le poil de ses bras se hérisser devant la peur d’une adaptation merdique. Sauf que là c’est Monsieur Frank Darabont qui s’y colle, celui qui avait réalisé l’adaptation justement de La Ligne Verte, adaptation dont King est le plus fier.

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Alors, retour à une grande adaptation ou pas ? Et bien on y était presque.

Ce qui frappe dès les premières minutes du film, c’est son côté à contre temps du cinéma actuel et surtout des films d’horreur moderne. On retrouve ici un certain classicisme qui nous renvoie à la fin des années 70/80 et les films de Romero ou Carpenter. On sent ici comme un image au film d’horreur classique dont les premières oeuvres de Stephen King étaient fortement inspirées.

Cet amour du genre horreur/fantastique se traduit d’abord par un clin d’œil qui plaira aux fans du genre puisque le héros de The Mist est un dessinateur d’affiche de films qui, à une époque où ces dernières sont faites par dessin assisté par ordinateur, les fait encore à la main et on peut voir parmi ses toiles l’affiche de The Thing et son dernier tableau est inspiré de La Tour Sombre.

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Ainsi dès le début The Mist transpire l’amour d’une horreur à l’ancienne que la réalisation, très classique de Darabont ne fait que confirmer. Mais qui dit classicisme ne veut pas dire chiant pour autant. au contraire, à une époque où l’horreur fait dans la surenchère pseudo gore ou la multiplication des effets de mise en scène lourdingues (caméra tremblotante, effets de sursauts usés et abusés….), The Mist prend le temps pour distiller son atmosphère oppressante et malsaine, reposant autant sur ses personnages que sur l’ambiance.

Alors oui, de prime abord les personnages sont ultra-clichés mais c’est là dessus que ce sont construits la plupart des films d’horreur/épouvante et cela permet des interactions entre eux nous rapprochant de l’ambiance d’un huis-clos. Chacun ayant des motivations, un comportement différent, enfermés dans ce supermarché entouré d’une brume étrange, les tensions entre les divers protagonistes ne tardent pas à éclater et le danger interne se fait tout aussi important que les étranges créatures que semble contenir cette brume.

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La tension monte donc rapidement dans ce groupe qui semblait de prime abord uni et surtout qu’au fur et à mesure du récit, et le film se permet même une jolie profondeur en faisant tourner les divergences entre les différents protagonistes à une opposition entre les « cartésiens » qui cherchent la meilleur façon de survivre aux « religieux » qui voient dans ce brouillard une manifestation de l’Apocalypse, châtiment divin envoyé pour purifier l’humanité de ses pêchés. Le film se permet donc ainsi une critique acerbe de l’idéologie évangélique et de ses prédicateurs qui profitent des peurs des individus les plus faibles émotionnellement pour les embrigader dans une folie religieuse.

Cette critique par un film en pleine ère Bush est assez couillue pour être soulignée d’autant plus qu’elle s’intègre parfaitement au récit et qu’elle est très bien portée par des acteurs bien dans leurs rôles.

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Il est juste dommageable que cette montée en puissance du fanatisme religieux soit un poil trop rapide et qu’elle ne constitue pas jusqu’au bout le cœur du récit. En effet, en justifiant les origines de cette brume et des créatures la peuplant, je trouve que le film perd une grande partie de son impact quand aux dissensions existant au sein du groupe et sur l’hésitation que pourrait avoir le spectateur quand au bienfondé des exactions des 2 camps. En effet, il y aurait eu un côté plus malsain, et dérangeant à rendre compréhensible la position des fanatiques, ce qui aurait ainsi permis au spectateur de s’interroger sur lui-même. Dommage.

Dommage aussi la fin cette opposition entre les 2 camps qui rappellent fortement le téléfilm de Stephen King La Tempête du Siècle. Ceux qui auront vu ce dernier auront ainsi une désagréable impression de déjà-vu.

L’autre point faible du film est ses effets spéciaux 3D juste dégueu. Alors que Darabont nous gratifie d’une mise en scène ultra-classique qui nous évite toutes les lourdeurs des films d’horreur actuels, voilà qu’il nous balance les créatures issues de la brume en 3D juste immondes (bon qu’elle soit moche c’est normal pour nous mettre mal à l’aise, mais là c’est la 3D qui est moche) et très mal intégrées dont les couleurs et l’aspect plastique jurent avec les teintes grises de la brume. Il aurait été à mon sens plus judicieux de faire dans le classique total avec des marionnettes.

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C’est franchement con car à côté les effets gores sont plutôt bien sentis et surtout cela plombe une grande partie de l’ambiance malsaine/horrifique cette brume épaisse, insondable avait mis en place. Ce désamorçage de la tension est en plus accentué, outre la révélation de l’origine de la brume, par la trop grande présence à l’écran de ces créatures. Là aussi il aurait été à mon sens plus judicieux de juste faire deviner leur forme et de les faire apparaître qu’au moments clefs.

The Mist voit ainsi ses bonnes idées amoindries par des effets spéciaux défaillants et par des révélations malvenues et c’est bien dommage car il y a une vraie volonté de renouer avec un genre huis-clos/épouvante qui fait actuellement trop dans la surenchère de scary effects et surtout le film se permet un final d’un pessimisme étonnant qui laisse le spectateur sans voix. A l’heure où nombre de réalisateurs s’autocensurent pour éviter les PG 13 et 16, que Darabont se permette un final aussi macabre et nihiliste fait un bien fou à tous les amateurs du genre horrifique. Et rien que pour ça le film vaut d’être vu.

Vous pouvez retrouver une critique alternative de ce film ICI by Bruce Kraft

moyen mais sympa
moyen mais sympa

« The Mist » de Frank Darabont (2007). Avec : Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden, Toby Jones. Distribué par TFM Distribution. Durée : 02 H.

7 commentaires

  1. Comme dit il y a très longtemps sur la cro’ du boss, le mater en noir et blanc permet de mieux « digérer » les sfx pas toujours au top, c’est sur ce film surement que Darabont a repéré Laurie Holden pour « Walking dead » les deux ont bossé ensemble aussi sur « The Shield » il me semble.

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  2. J’ai regardé ce film avec mes deux potes avec qui je suis rarement d’accord (sinon on s’emmerde). Pour une fois, ce fut le consensus pour dire que ce film permettait de passer un excellent moment.

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  3. @mat : ouais faudra que je le mate en noir et blanc, ça doit atténuer les SFX juste pourris et qui atténuent franchement l’ambiance oppressante du métrage.
    @captaincalva : et bien pour une fois tu as bon goût (je ne connais pas tes potes mais ce sont sûrement eux qui ont les meilleurs goûts)

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  4. Je suis un peux rester sur ma fin, même ce DTV (je crois qu’il en est un) est plutôt bien troussé mais les perso sont trop caricaturaux,et la fin se voit venir à des kilomètres….Mais ça reste malgré tout ça très regardable et recommandable.

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  5. C’est pas un dtv Marc mais il est sorti dans très peu de salles je crois, t’es sévère pour la fin elle a scotché tout le monde même Stephen King qui la préfère à la propre fin de son bouquin..

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  6. Je suis assez d’accord. Ok, pour la fin assez inhabituelle, mais on se repose un peu trop sur ces quelques minutes. Dans son développement, ce film ne propose rien de bien neuf, et rien de bien éprouvant, contrairement à la nouvelle Brumes… Au final, c’est sympa, mais sans plus…

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  7. @Sékateur : oui le film n’apporte rien de nouveau mais c’est aussi l’une de ses qualités, ce retour à une « horreur » plus traditionnelle mais il est vrai que développer plus l’arc central en le focalisant plus sur le côté religieux/fanatique et zapper l’explication médiocre de la brume l’aurait rendu encore meilleur

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